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Inondations dans le Gard : "Une enveloppe de réparations d'un million d'euros" JF Blanchet

ENTRETIEN – Le 14 septembre dernier, la région Occitanie, et particulièrement le Gard, connaissait un nouvel et violent épisode cévenol. Les trombes d’eau qui se sont abattues sur le territoire ont notamment causé des dégâts sur le réseau hydraulique géré par BRL. Un peu plus d'une semaine après, son directeur général Jean-François Blanchet dresse un bilan et annonce un million d’euros de réparation à venir.

LA TRIBUNE -
Le Groupe BRL (800 salariés), basé à Nîmes, est le concessionnaire et l'opérateur technique du réseau régional hydraulique pour la Région Occitanie. Comment avez-vous géré les violentes intempéries du 14 septembre dernier ?

JEAN-FRANCOIS BLANCHET, directeur général de BRL - Cet événement climatique a été un événement extrême en raison de sa grande extension géographique et d'une intensité pluviométrique élevée stationnaire. C'est sur ce territoire que se trouvent une partie de nos activités. Il est tombé environ 300 ml de pluies en trois heures, soit un niveau proche des records de pluie pour le Gard. C'était très impressionnant... Grâce à notre filiale Predict Services (spécialisée dans le risque hydrométéorologique et la prévention des risques naturels, détenue à parts égales par Airbus, Météo France et BRL, NDLR), nous avons été informés tôt de l'événement. Nous avons donc monté une cellule de crise dès la matinée pour mobiliser des moyens. Avant que des trombes d'eau ne s'abattent, nous avons rationnalisé les interventions sur le terrain en début de journée. Une grande partie des ouvrages ont été mis en mode automatique avec système de surveillance. La première de nos actions a bien sûr été de mettre nos personnels en sécurité. Les équipes de terrain sont rentrées et nous avons demandé aux salariés du siège de rester au bureau tant que l'épisode cévenol n'était pas terminé. Grâce à une expérience de trente années d'événements extrêmes, cette gestion nous a permis de ne pas avoir d'impact humain. Nous avons également géré nos infrastructures dans une démarche préventive, de manière à limiter les impacts. Nous avons mis en sécurité une partie des installations, par exemple en stoppant le pompage de la station Aristide Dumont pour que le canal Philippe Lamour soit moins rempli.

Malgré tout, les installations de BRL ont essuyé des dégâts importants...

En effet, malgré tout ça, nous avons enregistré deux grandes familles de dégâts. Sur notre activité "espaces naturels", notre pépinière à Vestric-et-Candiac a été très touchée. Des serres ont été endommagées par le vent et la grêle et la nurserie de plants a été complètement noyée, avec plus de 80 cm d'eau par endroits. Il a fallu trois jours pour que l'eau s'évacue. Nous estimons les dégâts occasionnés autour de 300.000 euros... L'autre gros impact a évidemment été sur notre réseau d'eau. Dans le secteur Beauvoisin-Beaucaire notamment, les eaux de pluie n'ont pas pu être absorbées par les bassins de crue, trop pleins, et les ouvrages de stockage propres à la voirie ont débordé dans le canal et fait sauter les plaques latérales de béton du canal Philippe Lamour (dit aussi canal du Bas-Rhône Languedoc, canal d'irrigation amenant l'eau du Rhône vers le sud du Gard et l'est de l'Hérault depuis les années 1960, NDLR). Une station de pompage a été inondée car les intempéries avaient entraîné des coupures d'électricité et la pompe n'avait plus d'énergie. Elle n'a pas pu fonctionner et s'est donc remplie. Il faut maintenant vider le canal, mettre des batardeaux, des conduites pour continuer l'alimentation d'eau évidemment, et refaire de nouvelles plaques de béton armé. Nos premières estimations portent les coûts de réparation à environ 600.000 euros. Au total, nous sommes donc sur une enveloppe de réparation d'un million d'euros, qui reste à affiner.

Cet événement climatique est-il historique ?

Sur ce secteur, les dégâts enregistrés lors des grandes inondations de Costières de 2005 étaient plus importants. Les événements de 2005 et 2002 avaient conduit à des coûts plus élevés. Depuis, nous avons mieux protégé les installations et développé des dispositifs plus efficients lors des événements. La culture du risque nous donne une meilleure capacité à faire face et à assurer la continuité de service.

Ces dégâts, notamment ceux du réseau hydraulique, ont-ils eu des conséquences sur les usages ?
 
Les missions du canal Philippe Lamour sont l'alimentation des cultures agricoles et la potabilisation de l'eau sur le secteur du littoral gardois, le Pays de l'or et la Métropole de Montpellier. Nous avons enregistré quelques entrées d'eau dans le canal mais il a des vitesses d'écoulement faibles, et les systèmes de traitement de l'eau sont adaptés pour supporter une plus forte densité de turbilité de l'eau (densité de matière en suspension dans l'eau, NDLR). Le maillage au niveau des installations a permis de poursuivre l'alimentation en eau, même si l'agriculture a moins de besoin d'eau en cette saison...

Tirez-vous de nouvelles leçons de gestion de crise en vue d'un prochain événement climatique de cette envergure ?

En trente ans, nous avons appris des événements climatiques extrêmes, et nous avons développé des programmes de résilience pour que notre activité soit préservée avec un même niveau de sécurité. Ce nouvel épisode conforte nos process de gestion de crise. Ils doivent être très anticipés pour que le processus des décisions soit immédiatement applicable. Aurions-nous pu avoir moins de dégâts ? Comment préserver l'énergie ? Comment gérer les écoulements de voieries ? Sur cette dernière question, il y a des études d'inondabilité à faire.

Un million d'euros, ce n'est pas rien, d'autant que les ouvrages impactés ne sont pas couverts par le système assurantiel. Comment BRL* va-t-il absorber ce surcoût ?

Ces ouvrages, comme tous les grands ouvrages publics, ne peuvent en effet pas bénéficier du système assurantiel. Sur cet épisode, les dégâts sont significatifs mais restent gérables à l'échelle de l'entreprise en matière d'acceptabilité des coûts. Cela impactera notre résultat économique car nous allons financer ces réparations sur nos fonds propres, mais ça n'aura pas d'impact sur la dynamique d'investissement de BRL. D'autant que nous allons réinvestir sur des équipements neufs qui seront amortis sur plusieurs années. Et il faut souligner que dans le Gard, certaines activités économiques ont été bien plus exposées que nous !

* 78,37 millions d'euros de chiffre d'affaires consolidé 2020.

La Tribune - Cécile Chaigneau
23 Septembre 2021

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